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Perspectives |

Valoriser l’économie circulaire avec Alkern

Spécialiste de la préfabrication de produits en béton en France et en Belgique depuis plus de 50 ans, le groupe ALKERN conçoit et produit des solutions pour le bâtiment, l’aménagement extérieur et les travaux publics. Le groupe possède 53 sites de production et emploie plus de 1000 collaborateurs. Il réalise plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Discussion avec Christophe Lagrange, Directeur de l'offre et Annabelle Brizou, Directrice de la R&D chez Alkern

Pourquoi l’approvisionnement local en matières premières est-il si important pour l’économie circulaire et la transition écologique ?

Christophe : On a besoin de limiter les transports pour limiter les émissions de CO2. De plus cela permet à la fois de réaliser des économies de transport et en plus de  développer une économie locale. Il faut savoir que plus de 90% de la valeur ajoutée de nos usines est reversée à proximité de ces mêmes usines car les emplois, les matières premières, les clients sont LOCAUX !

Chez Alkern, nous prônons ainsi une économie locale avec des produits locaux. Qui dit local, dit meilleure résilience, notamment avec les problématiques d’approvisionnement que le monde connait aujourd'hui. Le 100% local nous permet de mieux maîtriser notre chaîne de fabrication. 

Annabelle : Pourquoi aller chercher loin quelque chose que l’on peut avoir à côté de chez nous ? Cette position nous permet aussi de découvrir d’autres acteurs locaux, d'entretenir un meilleur réseau, d'avoir un maillage interne plus important. 

Quelles matières premières recyclées utilisez-vous pour fabriquer vos produits en béton ?

Annabelle : L’eau. On récupère diverses eaux (lavage, pluie...) mais aussi par exemple les déchets de coquilles Saint-Jacques, issus de l’activité de décorticage, que l’on utilise en substitution partielle des granulats (graviers/sables).

Concernant les déchets des produits en béton, déjà valorisés aujourd’hui à hauteur de 76% mais principalement dans les techniques routières (remblai par exemple), le projet national RECYBETON confirme que la valorisation des granulats recyclés en béton dans la fabrication de nouveaux bétons est possible techniquement et même au-delà des pourcentages autorisés aujourd’hui par les textes normatifs (EN206 par exemple).

Il faut effectivement prendre également en compte l'évolution des normes constructives et des produits. Ces normes et tous les référentiels de certification n’ont pas encore anticipé que les PREFA allaient utiliser des granulats d’origine recyclée pour faire du béton.

Notre objectif est de faire évoluer ces normes. Par exemple, le référentiel de certification NF Blocs en béton de granulats courants ou légers a été révisé récemment pour permettre une incorporation de granulats recyclés en béton jusqu’à 30%.

Christophe : Au niveau des liants, on peut et on sait travailler avec des matières premières recyclées ou sous-produits industriels. Par exemple, les cendres volantes et les laitiers sont en place chez nous depuis plus d’une dizaine d’années, comme substituant partiel du ciment.

Comment limitez-vous les déchets liés à votre production ?

Christophe : On a de la chance en tant que « Pré » fabriquant de disposer de temps avant de produire ce qui nous permet d’anticiper, d’analyser, et donc d’avoir un taux de déchet extrêmement faible. On a en général des produits en grande série et donc des procédures de répétition (cycles continus) très maitrisées et qui permettent cette réduction de déchets.

Dès le départ, nous sommes dans une démarche d’écoconception et nous avons l'avantage de connaitre nos produits par cœur : de leur composant à leur utilisation sur le chantier.

Annabelle : De par notre process de fabrication, notre activité ne génère que peu de déchets. Le peu de déchet généré est géré par un système de management ISO 14001. Donc tout déchet est trié, collecté et envoyé à des organismes spécialisés.
De plus, nous réutilisons certaines matières premières, par exemple nos palettes bois sur lesquelless sont transportés et livrés nos produits béton sont consignées. Nous les récupérons, les réparons si nécessaire et les réutilisons pour livrer de nouveaux produits béton. Lorsqu’elles ne sont pas réparables, elles sont alors reprises par notre fournisseur qui se charge de leur valorisation énergétique. .

Est-ce viable économiquement de s'inscrire dans l'économie circulaire ?

Christophe : Ce qui est certain c’est la notion de surcoût. Il y a une vraie remise en question des priorités et de certains systèmes de la société. Les pratiques évoluent : la société devient de plus en plus sensible à l’impact environnemental des produits. Aujourd’hui, l’indicateur environnemental le plus regardé est l’indicateur Réchauffement Climatique (à savoir l’impact CO2 ou empreinte carbone), et cela le sera de plus en plus. La société s’interroge également sur la gestion des ressources naturelles non renouvelables de la terre et également de la gestion des déchets. Il y a une prise de conscience collective de changer nos habitudes. Les contraintes réglementaires de la REP (Responsabilité Elargie des Producteurs) vont également permettre d’aller plus loin au niveau du BTP et notamment en accélérant la création de filières de collectes et transformation des déchets du bâtiment. Ainsi, nous pensons que la REP permettra de faciliter l’accès aux gisements des granulats recyclés en béton, notamment l’accès d’un point de vue économique, quantitatif et qualitatif,

Notre pavé de coquillage montre la résolution à plusieurs problèmes avec un seul produit : plusieurs fonctionnalités au sein d’un même produit. C'est un produit de revêtement de sol* (première fonction), drainant et permettant une gestion des eaux pluviales à la parcelle (deuxième fonction), offrant une solution de valorisation des déchets de coquilles Saint Jacques (troisième fonction), et pouvant également participer à la lutte contre les ilots de chaleur urbain (quatrième fonction).

Ce pavé en béton poreux, permet donc la perméabilisation des revêtements de sol, donc l'infiltration des eaux dans le sol, la création de structure réservoir, la création de structure de rafraichissement grâce au phénomène naturel d’évapotranspiration. Il permet de lutter contre les inondations et la saturation des réseaux d’assainissement. L’apport de fonctionnalités d’un même produit rend ainsi les surcoûts mieux douloureux voire les efficace si on réfléchit de manière plus global…

*Ce produit s'utilise pour des zones piétonnes ou accessibles aux véhicules légers. 

D’autre part, il faut absolument miser sur la réversibilité et favoriser l'évolution des systèmes de construction.

PAVE-COQUILLAGE-AMBIANCE-scaled

 

Comment intégrez-vous la nouvelle réglementation RE 2020 dans vos développements de produits ou solutions ?

Annabelle : la RE2020 a notamment un volet thermie, carbone et un volet confort d’été qui nous pousse à aller plus loin.

Sur la partie carbone, notre ambition est de continuer notre travail déjà mis en place depuis plusieurs années et bien avancé : nous avons l’habitude de réaliser des analyses du cycle de vie de nos produits en béton, qui nous permettent de qualifier et quantifier l’impact sur l’environnement de nos produits, notamment en impact CO2. Ces résultats sont disponibles dans les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire de nos produits, disponibles sur www.inies.fr

Cet exercice permet de faire un état des lieux, première étape primordiale pour encore abaisser nos impacts environnementaux. Ainsi, l’impact CO2 est un critère majeur dans le développement de nos produits.

Par exemple, Alkern a développé toute une gamme de blocs thermiques à coller, à faible empreinte carbone.

Les blocs creux à coller sont aujourd’hui  la meilleure solution de construction bas carbone disponible sur le marché. Ces blocs ont été éco-conçus au sens économique et écologique.

 Pour aller encore plus loin, on travaille notamment sur l’utilisation de liants plus bas carbone. : C'est notre priorité de développement.

ALKERN1700_ELIBLOC-2

Christophe : On ne fait pas que des blocs, on a une approche « solution complète ». On peut fournir toute une façade avec une solution thermique très efficace : VSmart System en béton, les produits s’assemblent les uns aux autres et ont un avantage bas carbone.

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